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Douleur chronique et alimentation: quel lien?

La douleur est un processus complexe caractérisé par de grandes différences entre les individus. Celle-ci est  influencée par de multiples facteurs: âge, sexe, environnement, variables biologiques, état émotionnel, stress ou encore notre alimentation... Tous ces facteurs interagissent les uns avec les autres pour influencer positivement ou négativement l’expérience de la douleur. Elle est l’une des principales causes d’intervention médicale et coûte très chère au système de santé. Selon une étude française menée auprès de 30 155 personnes, les douleurs chroniques affectent 30% de la population, les chiffres parlent d’eux mêmes et nous font comprendre l’importance de recherche de stratégie thérapeutique pour lutter contre la douleur chronique [1]

 

La douleur chronique: c’est quoi exactement?

La douleur chronique est une douleur qui dure depuis plus de 3 mois et qui ne répond pas aux traitements usuels. Contrairement à la douleur aiguë provoquée par un événement traumatique, la douleur chronique n’est pas nécessairement en lien avec une lésion. Elle est souvent la conséquence d’une sensibilisation accrue du système nerveux central qui va entraîner une amplification dans la perception de la douleur et donc provoquer une hypersensibilité (ressentir très vite de la douleur) et une hyperalgésie (ressentir une douleur anormalement amplifiée).

La douleur chronique est souvent considérée comme inutile en comparaison avec la douleur aiguë car elle n’intervient non pas comme une alarme nous permettant de faire face à danger mais plutôt comme un dérèglement de cette alarme qui va continuer de sonner alors que le danger a disparu. Le passage à la chronicité est influencé par de nombreux facteurs comme: notre environnement, le stress, nos émotions, nos coutumes mais elle est aussi le vestige de nos ancêtres vivant dans un milieu moins médicalisé qui ont dû faire face à de nombreux dangers et agressions environnementales pour survivre. (lien article douleur chronique et évolution).

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Douleur chronique: le récepteur NMDA en cause

Lorsqu’une douleur est ressentie par une personne, le système nerveux via ses récepteurs, va garder la trace du passage de cet influx douloureux et va donc par la suite modifier ses réponses lors d’une nouvelle stimulation. Cela montre que notre système nerveux est capable soit:

 -de réduire sa propre sensibilité à la douleur via des systèmes internes, c’est sur ce principe que sont par exemple développés de nombreux médicaments antalgiques, 

-soit à l’inverse d’augmenter sa sensibilité à la douleur via des processus de modulation positive dans lesquels les récepteurs NMDA (N méthyl D aspartate) jouent un rôle majeur. Ces récepteurs jouent aussi un rôle clé dans les processus d’apprentissage et de mémorisation.

A chaque stimulus nociceptif, les récepteurs NMDA sont activés et participent à l’amplification de la douleur. Ces récepteurs possèdent des sites de réception aux polyamines pouvant moduler leur action. Les polyamines sont de petites molécules indispensables à la croissance et la prolifération cellulaire. Elles sont fabriquées dans l’organisme soit par nos cellules, soit par les bactéries présentes dans notre intestin (notre flore ou microbiote) mais la majorité de ces polyamines provient de notre alimentation. Dans le cadre de la douleur chronique, la présence de polyamine pourrait engendrer une stimulation des récepteurs NMDA et donc une stimulation du signal douloureux et à l’inverse l’absence de polyamine pourrait réduire l’hyperfonctionnement de ces récepteurs et la sensibilité de la douleur qui en découle.

Pour faire simple, imaginez une enceinte musicale, il y aurait le gros bouton du volume (les récepteurs NMDA), à chaque activation de votre part (stimulus nociceptif donc la douleur), le volume augmente.  Au début le niveau sonore est tolérable et au fur et à mesure que le son augmente , cela devient désagréable, c’est ce qu’il se passe avec la douleur chronique. Imaginez maintenant qu’en plus de votre main qui tourne le bouton du volume, il y ait quelqu’un qui commande le son avec une télécommande, (ici les polyamines) le son risque de monter bien plus vite pour devenir très rapidement insoutenable. Donc il est très facile de comprendre que si on enlève les piles de la télécommande, le son montera moins vite et cela sera plus agréable pour nos oreilles.

Notre alimentation a une action sur la douleur chronique

Les apports alimentaires peuvent améliorer la fonction des systèmes nerveux, immunitaire et endocrinien, ce qui impacte directement les expériences douloureuses.

Une étude récente a confirmé que notre alimentation a un impact sur la perception de la douleur et que des apports nutritionnels spécifiques peuvent entraîner un soulagement significatif de la douleur chez des personnes souffrant de douleur chronique. [2]

Comme introduit précédemment, une étude menée par le Pr Simonnet démontre qu’une alimentation pauvre en polyamine pouvait être proposée pour prévenir de manière significative la survenue d’une hypersensibilité à la douleur. [3] Une telle alimentation pourrait également, à titre curatif cette fois, réduire de manière importante les douleurs chroniques. 

D’autres composés agissant directement sur les récepteurs NMDA interviennent également dans l'augmentation du signal douloureux. On retrouve deux acides aminés dits excitateurs: le glutamate et l'aspartate apportés par l’alimentation qui, lorsqu’ils sont présents en trop grande quantité, favorisent la transmission du signal douloureux. Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux adulte, il intervient dans la formation des souvenirs et dans leur récupération, il est présent dans 80 à 90% des synapses du cerveau. 

Enfin certains minéraux sont aussi essentiels dans la modulation du signal douloureux, nous retrouvons en tête de liste le magnésium et le zinc qui jouent un rôle clé dans la régulation du principal récepteur du glutamate, le fameux récepteur NMDA. Le magnésium a le pouvoir de bloquer ce récepteur et donc d’empêcher la transmission du signal nerveux. Le zinc qui lui est libéré en même temps que le glutamate module à la baisse la transmission du signal. Ainsi des carences en ces deux micronutriments pourraient contribuer à l’amplification du signal douloureux

Un autre nutriment a aussi son importance concernant la neurotransmission du glutamate est la vitamine B6. Cette vitamine est importante pour permettre la conversion du glutamate (l’excitateur) en un autre neurotransmetteur, le GABA (l’inhibiteur ou le calmant). Une carence en vitamine B6 peut donc amener à des niveaux élevés de glutamate et des niveaux réduits de GABA ce qui favoriserait donc la transmission du signal douloureux.

La prise en charge de la douleur chronique est complexe et nécessite souvent une approche pluridisciplinaire. Envisager un régime alimentaire faible en polyamine, en glutamate et en aspartate, ainsi que veiller à un apport optimal en magnésium, zinc et vitamine B6 pourrait donc constituer un véritable complément à la stratégie thérapeutique. 

Toute la difficulté réside dans les quantités, puisque ces composés, apportés en quantités optimales, sont essentiels pour notre organisme et le maintien de l’homéostasie.

Retenons que

- La douleur chronique est influencée par de nombreux facteurs: environnement, stress, émotion, alimentation
- Notre système nerveux est capable de réduire ou d’augmenter notre sensibilité à la douleur
- Les récepteurs NMDA jouent un rôle majeur dans l’hypersensibilisation à la douleur
- Une alimentation faible en polyamine permet de prévenir et de réduire la douleur chronique
- Une alimentation faible en glutamate et en aspartate permet de diminuer l'intensité de la douleur

- Des carences en magnésium, en zinc et en vitamine B6 peuvent être responsable d’une amplification du signal douloureux

SOURCES

[1] https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/douleur

[2] https://bjanaesthesia.org/article/S0007-0912(19)30579-3/fulltext

[3] https://revue-nutritions.fr/approche-nutritionnelle-de-la-douleur-importance-de-lapport-en-polyamines/

http://www.sante-et-nutrition.com/les-polyamines/

https://www.physio-network.com/blog/is-there-a-connection-between-nutrition-and-physical-therapy-outcomes/

https://www.albi-france.org/wp-content/uploads/2017/02/Alimentation-et-douleur-1.pdf

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jhn.12601

https://www.revmed.ch/RMS/2005/RMS-25/30457

https://www.futuremedicine.com/doi/full/10.2217/pmt-2016-0019

https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11724-009-0147-2

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