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L'empowerment ou l'importance pour le kinésithérapeute d'autonomiser son patient ?

Rédigé par Alice Leveque | 24 oct. 2022 15:29:49

Éduquer, impliquer, et collaborer sont des stratégies efficaces pour favoriser l’empowerment et autonomiser le patient dans son parcours de soin. Cela permet  ainsi d’ajouter une clé à la bonne adhésion et la réussite du traitement. 

La santé c’est l’empowerment ?

Il se dégage aujourd’hui de multiples façon de traduire l’empowerment : “autonomisation”, “capacitation”, “pouvoir d’agir ou d’action”, mais ces traductions seraient trop restrictives pour définir ce qu’est réellement l’empowerment. 

L'empowerment s’articule autour de deux dimensions : celle du pouvoir qui constitue la racine du mot et celle du processus d’apprentissage pour y accéder. Ce terme peut donc désigner en même temps  un état et un processus et donne par conséquent une vision globale des choses.

L’OMS définit la promotion de la santé comme "un processus visant à rendre l'individu et la collectivité capables d'exercer un meilleur contrôle sur les facteurs déterminants de leur santé et d'améliorer celle-ci". Les termes clés de cette définition sont d’une part : “les déterminants de la santé”, qui nous invitent à une réflexion sur ce qu’est la santé et sur les facteurs qui sont susceptibles de la maintenir ou de la renforcer et, d’autre part, le terme de “meilleur contrôle”, qui invite à une réflexion sur le concept d’empowerment. De ce fait, une intervention de promotion de la santé est considérée comme efficace à partir du moment où elle contribue à renforcer la capacité d’un individu ou d’un groupe à agir sur les déterminants de leur santé.

Ainsi défini, l’empowerment devient le critère principal de succès de la promotion de la santé. Certains auteurs vont même jusqu’à affirmer que “la santé, c’est l’empowerment”! [1].

L’empowerment donne du pouvoir à vos patients

L’empowerment  est un processus de transformation personnelle par lequel le patient renforce sa capacité à prendre soin de lui et de sa santé. Ce concept permet au patient d’avoir plus de connaissances sur sa pathologie et un certain niveau de conscience de lui-même et de sa santé. L’empowerment permet de responsabiliser le patient et de le rendre acteur de sa rééducation. Cela a pour effet de renforcer sa motivation et  d’encourager son sentiment d’efficacité personnelle qui constitue un déterminant important de la motivation à agir et de la persévérance vers des objectifs précis.

Et les bénéfices s’étendent au-delà du patient lui-même car il permet aussi aux aidants de se sentir concernés et de se questionner sur leur propres croyances autour des capacités de la personne qu’elles accompagnent: ont elles tendance à la limiter, par exemple “attends ne te fatigue pas trop,  je vais le faire à ta place”, ou à l’inverse à la pousser en disant “fais ce que tu peux, je finirai si besoin..” 

Enfin, le terme d’empowerment fait référence à la notion de “pouvoir”: le patient a du pouvoir sur lui-même et sur sa santé. [2, 6, 7]

Quelles stratégies mettre en place pour favoriser l’empowerment ?

Dans un premier temps, dès le début de la prise en charge et si le patient est en accord avec cela, il est important d’éduquer la personne sur sa pathologie ou sa blessure. De prendre le temps de lui expliquer les grandes lignes et les étapes de la rééducation et de s’assurer que le patient ait bien compris. Cette démarche va l’aider à avancer, à se responsabiliser et à s’engager dans son traitement. [5

De récentes études ont observé que des athlètes mieux informés sur leur blessure étaient plus en capacité d’influencer positivement le résultat du traitement. Dans cette étude, les bénéfices d’une bonne éducation ne s’arrêtaient pas là puisque cela favorise également l'adoption de comportements positifs liés à leur santé en général. [2]

Dans un second temps, il peut être intéressant d'impliquer le patient dans sa rééducation et dans la mise en place de ses objectifs. Par exemple, il est parfois utile de lui expliquer le mécanisme d’action des exercices, et anticiper les possibles sensations gênantes qu’il va peut-être ressentir au début (comme la fatigue, la douleur ou le tiraillement) pour éviter qu’il ne se décourage [2, 3].

De récentes études montrent que l’entretien motivationnel peut aider à la pratique d’une activité physique chez des patients atteints de maladie chronique [4].

Enfin, il est essentiel d’adopter un dialogue collaboratif avec le patient. Le choix des mots est important tout autant que la manière de les exprimer afin que celui-ci sente qu’il occupe la place centrale de sa rééducation.

En résumé :

Encourager le patient à être le principal acteur de sa rééducation peut conduire à des améliorations de comportements liés à sa santé et à de meilleurs résultats dans sa rééducation. Ainsi les pratiques d’empowerment efficaces consistent à augmenter le pouvoir réel du patient pour qu’il soit capable de se protéger d’un problème de santé ou de participer à son changement. 

Le patient acquiert un plus grand contrôle sur sa vie et sa santé !

En recherche d'une solution permettant de rendre le patient acteur de sa rééducation ?


SOURCES :

[1] Jones, Patricia S., and Afaf I. Meleis. “Health Is Empowerment.” Advances in Nursing Science, vol. 15, no. 3, Mar. 1993, pp. 1–14, 

https://journals.lww.com/advancesinnursingscience/Abstract/1993/03000/Health_is_empowerment.3.aspx

[2] Gledhill, Adam, et al. “Educate, Involve and Collaborate: Three Strategies for Clinicians to Empower Athletes during Return to Sport.” British Journal of Sports Medicine, vol. 56, no. 5, Mar. 2022, pp. 241–42, 

https://bjsm.bmj.com/content/56/5/241

[3] Robertson, Claire J., et al. “People’s Beliefs about the Meaning of Crepitus in Patellofemoral Pain and the Impact of These Beliefs on Their Behaviour: A Qualitative Study.” Musculoskeletal Science and Practice, vol. 28, Apr. 2017, pp. 59–64, 

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2468781217300309?via%3Dihub

[4] O’Halloran, Paul D., et al. “Motivational Interviewing to Increase Physical Activity in People with Chronic Health Conditions: A Systematic Review and Meta-Analysis.” Clinical Rehabilitation, vol. 28, no. 12, Dec. 2014, pp. 1159–71, 

https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0269215514536210?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori:rid:crossref.org&rfr_dat=cr_pub%20%200pubmed

[5] King, Jonny, et al. “Want to Improve Return to Sport Outcomes Following Injury? Empower, Engage, Provide Feedback and Be Transparent: 4 Habits!” British Journal of Sports Medicine, vol. 53, no. 9, May 2019, pp. 526–27, 

https://bjsm.bmj.com/content/53/9/526.long

[6]Vainauskienė, Vestina, and Rimgailė Vaitkienė. “Enablers of Patient Knowledge Empowerment for Self-Management of Chronic Disease: An Integrative Review.” International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 18, no. 5, Mar. 2021, p. 2247,

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7956493/

[7] Wallerstein Nina. “Empowerment des jeunes: le dossier de la santé en action”. Santé publique France, Feb 2019

https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2019/empowerment-des-jeunes-le-dossier-de-la-sante-en-action-n-446#:~:text=Nina%20Wallerstein%2C%20auteure%20du%20rapport,conditions%20de%20vie%20des%20plus