Les croyances inutiles au sujet de la lombalgie sont associées à des niveaux plus élevés de douleur, d'incapacité, d'absentéisme au travail, d'utilisation de médicaments et de recherche de soins de santé. Ces croyances sont courantes chez les personnes avec et sans lombalgie et peuvent être renforcées par les médias ou encore certains professionnels de santé. Faisons le point [1]
Les gens voient le dos comme une partie du corps vulnérable qui a besoin de protection. La majorité des gens pensent qu'il est facile de se blesser au dos et que des postures et des mouvements particuliers sont nécessaires pour le protéger. Ces croyances et attitudes communes ne sont pas seulement ancrées dans la culture occidentale, mais sont également courantes chez les professionnels de la santé bien qu'aucune preuve ne les étayent ! [2]
Il n'existe pas nécessairement de bonne ou de mauvaise posture, le problème se pose lorsque l’on maintient une posture statique prolongée. Ce ne sont donc ni les courbures physiologiques ni votre posture qui vont provoquer la survenue d’un mal de dos 👉 (pour en savoir plus) [7]
Le corps n’est pas une machine inerte, mais c’est un organisme vivant qui est en adaptation permanente. Au contraire, lorsqu’ il est sollicité, il va chercher à s’adapter progressivement aux contraintes qu’on lui applique: c’est le principe même de l'entraînement. Et cela s’applique aussi à votre dos, à force de s’entraîner, les tissus s’adaptent : vertèbres, disques intervertébraux, ligaments... En réalité, ce qui semble accélérer l’usure des disques c’est plutôt l’inactivité. [8]
Une étude réalisée sur des sportifs et non sportifs a pu mettre en évidence que la course à pied longue distance favorise l’hydratation et la bonne composition de vos disques intervertébraux (plus riche en protéoglycanes et glycosaminoglycanes, qui sont des composants essentiels du disque) [5]
Les progrès en matière d’imagerie médicale ont été fulgurants offrant un large choix d’examens. Il est désormais possible d’explorer notre corps dans les moindres détails afin de diagnostiquer telle ou telle pathologie. Il est évident que ces imageries sont une aide précieuse au diagnostic mais attention à ne pas s’arrêter à cela !
Ce n’est pas parce qu’une lésion est visible à l’imagerie que celle-ci sera responsable de douleur ou d’incapacité chez l’individu. En effet de nombreuses lésions visibles à l’imagerie sont totalement asymptomatiques. 👉(pour en savoir plus) [9]
La vertèbre déplacée n’existe pas en anatomie (sauf traumatisme violent comme un accident) : sinon on serait tous complètement tordu! Le craquement vertébral serait plutôt lié à la présence d’une petite bulle de gaz! [10, 11]
Alors si un thérapeute vous dit qu’il vous a remis une vertèbre c’est très peu probable que cela arrive.
Même si une étude a montré que dans certaines conditions météorologiques les douleurs pouvaient être augmentées; aucune association n’a été faite entre diminution de température et douleur, c’était plutôt lors de journée humide et venteuse avec une faible pression atmosphérique que les douleurs semblaient exacerbées. [12] Même si la question de la météo et de la douleur font encore débat, pas question de rester au fond de son canapé les jours de mauvais temps.
Même si le repos est parfois nécessaire, dans le cas de douleurs liées à des courbatures par exemple, il peut devenir néfaste à long terme et peut entraîner un affaiblissement des muscles du dos, ce qui peut accroître la douleur et nous faire entrer dans un cercle vicieux.
Un autre élément à prendre en compte est le fait que le corps se répare s’il est utilisé.
En effet, les mécanismes de réparation et de renforcement du corps fonctionnent bien mieux s'il est soumis à des contraintes. Utiliser son corps en bougeant c’est donc accélérer le processus de guérison
Au contraire, la cambrure naturelle du dos serait plutôt protectrice et le terme de “lordose” ne doit pas effrayer ! Une étude scientifique récente a d’ailleurs montré que la prévalence des lombalgies serait légèrement plus importante chez des personnes ayant un dos moins cambré. [4] 👉(cf geste et posture)
Comme nous l’avons vu précédemment, votre dos est fort et adaptable! Donc lorsque vous effectuez des tâches comme vous pencher en avant pour attacher vos chaussures, ramasser un objet au sol ou porter vos sacs de courses, cela semble être plutôt bénéfique pour votre dos que dangereux. Donc pas de panique sur la flexion dans ces cas là !
Lorsque vous portez des charges supérieures à 15 kg et que vous n’êtes pas entraîné, il semblerait préférable de plier un peu les genoux.
Les croyances concernant le mal de dos sont importantes car elles peuvent influencer la façon dont les gens abordent et gèrent leur douleur. Par exemple, si une personne croit que le repos est le meilleur traitement contre le mal de dos, elle peut éviter l'activité physique et l'exercice qui pourraient en fait l'aider à soulager sa douleur. De même, si une personne croit que le mal de dos est un phénomène normal du vieillissement, elle risque de ne pas chercher de traitement pour sa douleur et de passer à côté de thérapies potentiellement efficaces.
Les fausses croyances sur le mal de dos peuvent également conduire à des traitements inutiles, comme la chirurgie, ou retarder la recherche de soins appropriés.
En outre, ces croyances peuvent également affecter la façon dont les personnes perçoivent leur douleur et leur capacité à y faire face. Les personnes qui pensent que le mal de dos chronique ne peut pas être traité peuvent avoir une attitude plus négative envers leur douleur, ce qui peut conduire à des sentiments de désespoir et de dépression.
Il est donc essentiel de véhiculer des informations positives et surtout de rassurer les personnes atteintes de douleurs chroniques.
👉 N'oubliez pas : Le médicament c'est le mouvement !
Source :
[1] O’Sullivan, Peter B., et al. “Back to Basics: 10 Facts Every Person Should Know about Back Pain.” British Journal of Sports Medicine, vol. 54, no. 12, June 2020, pp. 698–99,
[2] Christe, Guillaume, et al. “Unhelpful Beliefs and Attitudes about Low Back Pain in the General Population: A Cross-Sectional Survey.” Musculoskeletal Science and Practice, vol. 52, Apr. 2021, p. 102342
[3] Saraceni, Nic, et al. “To Flex or Not to Flex? Is There a Relationship Between Lumbar Spine Flexion During Lifting and Low Back Pain? A Systematic Review With Meta-Analysis.” Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, vol. 50, no. 3, Mar. 2020, pp. 121–30
[4] Chun, S.-W., Lim, C.-Y., Kim, K., Hwang, J., & Chung, S. G. (2017). The relationships between low back pain and lumbar lordosis: a systematic review and meta-analysis. The Spine Journal: Official Journal of the North American Spine Society, 17(8), 1180-1191.
[5]Belavý, Daniel L., et al. “Running Exercise Strengthens the Intervertebral Disc.” Scientific Reports, vol. 7, no. 1, Apr. 2017, p. 45975
[6] Christe, Guillaume, et al. “Physiotherapists’ Attitudes and Beliefs about Low Back Pain Influence Their Clinical Decisions and Advice.” Musculoskeletal Science and Practice, vol. 53, June 2021, p. 102382
[7]Christensen, S. T., & Hartvigsen, J. (2008). Spinal curves and health: a systematic critical review of the epidemiological literature dealing with associations between sagittal spinal curves and health. Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics, 31(9), 690-714.
[8]Maurer, Elke, et al. “Long-Term Effect of Physical Inactivity on Thoracic and Lumbar Disc Degeneration—an MRI-Based Analysis of 385 Individuals from the General Population.” The Spine Journal, vol. 20, no. 9, Sept. 2020, pp. 1386–96
[9]Burgstaller, Jakob M., et al. “Is There an Association Between Pain and Magnetic Resonance Imaging Parameters in Patients With Lumbar Spinal Stenosis?” Spine, vol. 41, no. 17, Sept. 2016, p. E1053
[10] Song, Sang Jun, et al. “Noise around the Knee.” Clinics in Orthopedic Surgery, vol. 10, no. 1, Mar. 2018, pp. 1–8
[11] Kawchuk, Gregory N., et al. “Real-Time Visualization of Joint Cavitation.” PLOS ONE, vol. 10, no. 4, avr 2015, p. e0119470,
[12]Dixon, William G., et al. “How the Weather Affects the Pain of Citizen Scientists Using a Smartphone App.” Npj Digital Medicine, vol. 2, no. 1, Oct. 2019, pp. 1–9,
[14] Saraceni, Nic, et al. “To Flex or Not to Flex? Is There a Relationship Between Lumbar Spine Flexion During Lifting and Low Back Pain? A Systematic Review With Meta-Analysis.” Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, vol. 50, no. 3, Mar. 2020, pp. 121–30
Source webographie :
https://doi.org/10.2519/jospt.2020.9218.
https://bjsm.bmj.com/content/54/12/698.long
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468781221000266?via%3Dihub
https://doi.org/10.2519/jospt.2020.9218.
https://www.thespinejournalonline.com/article/S1529-9430(20)30166-2/fulltext
https://doi.org/10.1097/BRS.0000000000001544.
https://www.nature.com/articles/srep45975?mc_cid=ceedabcdb8&mc_eid=2248e9897e
https://doi.org/10.1016/j.jmpt.2008.10.004
https://doi.org/10.4055/cios.2018.10.1.1.
https://doi.org/10.1371/journal.pone.0119470.
https://doi.org/10.1038/s41746-019-0180-3.
[13] https://www.greglehman.ca/blog/2016/01/31/revisiting-the-spinal-flexion-debate-prepare-for-doubt