La douleur chronique est un phénomène complexe résultant d’une hypersensibilisation du système nerveux central. De nombreux facteurs comme notre environnement, notre mode de vie, le stress, les émotions mais notre alimentation ont un impact sur ces douleurs. Le rôle de l’alimentation dans la prévention et dans l’accompagnement de nombreuses pathologies comme la fibromyalgie, le cancer ou encore la maladie d’Alzheimer est de plus en plus mis en évidence.
La proposition d’une alimentation à teneur contrôlée en polyamine s’avère être une approche nutritionnelle intéressante pour optimiser l’efficacité des traitements conventionnels de la douleur chronique.
Les polyamines sont des molécules essentielles à notre corps et à notre métabolisme cellulaire. Elles sont au nombre de 3, on retrouve la spermine, la spermidine et la putrescine.
Les polyamines permettent d’initier la synthèse de l’ADN, la croissance cellulaire et interviennent dans le fonctionnement du système nerveux central. En situation pathologique, elles favorisent aussi la croissance des cellules tumorales. Elles jouent donc un double rôle dans l’organisme, tantôt protecteur et tantôt délétère.
Longuement étudiées dans la prise en charge du cancer, elles ont aussi été étudiées dans le cadre de la douleur chronique. [1]En effet, les polyamines possèdent une action au niveau du système nerveux central et ont la capacité d’augmenter notre sensibilité à la douleur. Sachant que notre principale source de polyamines provient de notre alimentation, il peut, dans certaines situations, être intéressant d’en limiter les apports.
Notre alimentation est en mesure de couvrir les besoins quotidiens en polyamines. Nos besoins se situent entre 300 et 600µmol par jour. La quantité de polyamine de notre alimentation dépend de la nature des aliments consommés, de leur degré de fermentation, de leur mode de préparation et de cuisson.
Les principaux aliments à éviter dans le cadre d’un modèle alimentaire faible en polyamine sont:
- Certains fruits: les agrumes, les raisins, la mangue, les litchis, la banane, le fruit de la passion- Les jus des fruits précités
- Certaines légumes secs: les pois toute famille confondus, les lentilles, les fèves, le soja (hormis lait et yaourt au soja), tempeh, tofu
- Certains légumes: les poivrons verts, les tomates, les champignons, les épinards, la choucroute
- Certains oléagineux et graines: noix, les noisettes, les noix de cajou, la cacahuète, la pistache, les graines de lin, courge, sésame et tournesol
- Les produits céréaliers complets à base d’épeautre, de sarrasin, de seigle, le quinoa, les flocons d’avoine et le son d’avoine, le germe de blé et les levures
- Certains fromages : cantal, brie, munster, comté, reblochon, roquefort, bleu d’auvergne
- Certaines viandes: le foie et ses dérivés (mousse , foie gras, andouillette, rognons) , le porc, le canard, le pigeon, la pintade
- Certains poissons et fruits de mer: le lieu noir, les huîtres, les moules, les palourdes, les bigorneaux, le crabe, les St Jacques, les oeufs de saumon
- Condiments et aromates: moutarde, basilic, cerfeuil, origan, curcuma, curry, poudre d’ail, safran, les cornichons, le pollen
Ce modèle alimentaire apporte des pistes concernant la prise en charge de douleur chronique comme celle retrouvée dans la fibromyalgie par exemple. Toutefois il est très contraignant et entraîne l’exclusion de nombreux aliments considérés comme bénéfiques pour la santé du fait de leur richesse en antioxydant et actifs végétaux (brocoli, légumineuses, agrumes…).
La mise en place d’un tel protocole alimentaire se réalise donc dans un contexte bien spécifique de douleur chronique en complément des autres prises en charge tel que le mouvement et l’exercice. Il est donc essentiel que ce modèle alimentaire reste très ponctuel et surtout que celui-ci soit encadré par un professionnel de santé.
SOURCES
http://www.sante-et-nutrition.com/les-polyamines/
http://www.nutrialys.fr/wp-content/uploads/2016/09/Guide-des-aliments-2016.pdf
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0899900716001209
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0899900719300516?via%3Dihub