Quelle alimentation contre vos douleurs chroniques : Episode 2

Dans le premier épisode, nous avons vu que notre alimentation peut avoir un impact sur nos douleurs. C’est en ce sens qu’une alimentation faible en glutamate et en aspartate peut être intéressante dans le cadre de douleurs chroniques comme la fibromyalgie, la migraine ou encore le syndrome de l'intestin irritable.

Par ailleurs, plusieurs nutriments indispensables au fonctionnement de notre organisme jouent un rôle essentiel pour optimiser le fonctionnement de notre système neuronal. Certains nutriments ont la capacité de moduler la neurotransmission glutamatergique, ils sont donc intimement liés aux syndromes douloureux.

Zinc et magnésium: deux minéraux essentiels

 

Le magnésium

C’est le 4 ème minéral le plus abondant du corps. Notre organisme renferme 20 à 30 g de magnésium dont 60% se trouve dans les os, 28% dans les muscles et le reste se situe principalement dans le système nerveux. Le magnésium intervient dans plus de 400 réactions biochimiques et est nécessaire à la production d’énergie. Il joue aussi un rôle clé dans la contraction musculaire, dans la régulation du rythme cardiaque et dans la transmission de l’influx nerveux.

Dans le cadre de douleurs chroniques, le magnésium joue un rôle clé sur la régulation du récepteur du glutamate, le NMDA en le bloquant et empêche donc la transmission du signal douloureux. [1, 2]

Aliment riches en magnésium :

-Poudre de cacao        

-Oléagineux (noix, noisettes, amandes)     

-Chocolat noir (min 85% de cacao)      

-Bettes

-Céréales complètes (pain complet, sarrasin, riz complet)

-Fruits secs

-Légumes secs (lentilles, pois cassés, haricots secs)

-Banane

 

Le zinc

Le zinc est un oligo élément c 'est-à-dire qu’il est présent en très petite quantité, environ 2 à 4 g au total, dans le corps humain. On le trouve essentiellement dans les muscles (60 à 65%), les os (20%), le foie et la peau.

C’est un composant structurel de nombreuses protéines qui participe à de multiples fonctions cellulaires. Le zinc est un antioxydant puissant, modulateur de l’immunité qui intervient dans les fonctions reproductives et neurologiques. Dans le cadre de douleur chronique, le zinc, libéré en même temps que le glutamate module à la baisse la transmission du signal douloureux.[3, 4, 5]

 

Aliments riches en zinc

Le zinc doit être apporté quotidiennement à l’organisme car il ne sait pas le stocker.

Les principales sources de zinc sont: 

-Les huîtres

-Les crustacés

-Le fromage

-La viande

-Les abats et foie

-Les œufs

-Les légumes secs

Nous comprenons donc assez aisément que si notre organisme présente des carences en magnésium et en zinc, cela favorise l’excitotoxicité (CTA épisode 2) et que cela pourrait donc contribuer à une amplification du signal douloureux. Un autre nutriment a son importance dans la neurotransmission du glutamate, la vitamine B6.

 

Vitamine B6 : l'apaisante

La vitamine B6 ou pyridoxine est une vitamine hydrosoluble qui permet de fournir de l’énergie à l’organisme, de fabriquer de nouvelles protéines, de soutenir notre immunité et de fabriquer des messagers chimiques au niveau du cerveau. Dans le cadre de douleur chronique, c’est à ce niveau que cette vitamine agit comme cofacteur important pour une enzyme qui convertit le glutamate (l’excitateur) en GABA (l’inhibiteur, l’apaisant).

Aliments riches en B6

Tout comme le zinc, la vitamine B6 doit être apportée quotidiennement à l’organisme car il ne sait ni la synthétiser ni la stocker.

Les principales sources de vitamine B6 sont: 

-Graine de tournesol

-Thon

-Lentilles sèches

-Abat

-Viande

-Haricot rouge, sec

-Banane (1 banane = 25% des besoins quotidiens)

 

Une carence en vitamine B6 peut mener à des niveaux plus élevés de glutamate et des niveaux réduits de GABA, ce qui favorise l'excitotoxicité dans le système nerveux central et donc le signal douloureux.

Enfin, d’autres éléments comme des vitamines, les acides gras polyinsaturés, les antioxydants font également l’objet d’études et ont des résultats positifs sur la douleur chronique comme la vitamine D, la vitamine B12 et les omégas 3. [6, 7, 8, 9 ] 

La consommation quotidienne de nutriments spécifiques comme le zinc, le magnésium ou encore la vitamine B6 apporte encore d’autres pistes concernant le traitement de la douleur chronique. Cependant la mise en place d’un tel protocole alimentaire se réalise dans un contexte bien spécifique de douleur chronique en complément des autres prises en charge telles que le mouvement et l’exercice.

 

As-tu tout retenu ?

Viens te tester

 

SOURCES

[1] Savic Vujovic, K. R., et al. “A Synergistic Interaction between Magnesium Sulphate and Ketamine on the Inhibition of Acute Nociception in Rats.” European Review for Medical and Pharmacological Sciences, vol. 19, no. 13, July 2015, pp. 2503–09.

https://www.researchgate.net/profile/Katarina-Vujovic/publication/280498143_A_synergistic_interaction_between_magnesium_sulphate_and_ketamine_on_the_inhibition_of_acute_nociception_in_rats/links/5c0e31bc92851c39ebe1ee1c/A-synergistic-interaction-between-magnesium-sulphate-and-ketamine-on-the-inhibition-of-acute-nociception-in-rats.pdf

[2] Kreutzwiser, Denise, and Qutaiba A. Tawfic. “Expanding Role of NMDA Receptor Antagonists in the Management of Pain.” CNS Drugs, vol. 33, no. 4, Apr. 2019, pp. 347–74, https://doi.org/10.1007/s40263-019-00618-2.

[3] Anderson, Charles T., et al. “Modulation of Extrasynaptic NMDA Receptors by Synaptic and Tonic Zinc.” Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 112, no. 20, May 2015, pp. E2705–14, https://doi.org/10.1073/pnas.1503348112.

[4]Takeda, Atsushi, et al. “Release of Glutamate and GABA in the Hippocampus under Zinc Deficiency.” Journal of Neuroscience Research, vol. 72, no. 4, 2003, pp. 537–42, https://doi.org/10.1002/jnr.10600.

[5] Tamano, Haruna, and Atsushi Takeda. “Dynamic Action of Neurometals at the Synapse†.” Metallomics, vol. 3, no. 7, July 2011, pp. 656–61, https://doi.org/10.1039/c1mt00008j.

[6] Schreuder, Ferdinand, et al. “Vitamin D Supplementation for Nonspecific Musculoskeletal Pain in Non-Western Immigrants: A Randomized Controlled Trial.” Annals of Family Medicine, vol. 10, no. 6, Nov. 2012, pp. 547–55, https://doi.org/10.1370/afm.1402.

[7] Mendonça, Carolina Rodrigues, et al. “Effects of Nutritional Interventions in the Control of Musculoskeletal Pain: An Integrative Review.” Nutrients, vol. 12, no. 10, Oct. 2020, p. 3075, https://doi.org/10.3390/nu12103075.

[8] Zhang, Ming, et al. “Methylcobalamin: A Potential Vitamin of Pain Killer.” Neural Plasticity, vol. 2013, 2013, p. 424651, https://doi.org/10.1155/2013/424651.

/

[9] Elma, Ömer, et al. “Chronic Musculoskeletal Pain and Nutrition: Where Are We and Where Are We Heading?” PM&R, vol. 12, no. 12, 2020, pp. 1268–78, https://doi.org/10.1002/pmrj.12346.

Fifi, Amanda C., and Kathleen F. Holton. “Food in Chronic Pain: Friend or Foe?” Nutrients, vol. 12, no. 8, Aug. 2020, p. 2473, https://doi.org/10.3390/nu12082473.